J'ai
Débuté ce long voyage un matin dégoûté
Par mon payasage quotidien, je n'voyais
Que des blocs longs de trois minutes,
Taillés dans le même roc et dans le même but
On m'avait parlé d'horizons différents
De mélodies inatendues, d'instruments
De cités sans cloisons, d'architectes rythmiques
D'une civilisation sonore née sur les terres d'Afrique

J'ai voulu voir ce monde, ou plutôt l'entendre,
Equipé de mon casque et de quelques bandes
J'ai traversé l'océan dans la brume, juste une silouette
Découvrant sur le quai les derniers poètes
J'ai entendu ces rires, Assist The Life de Louis
Et quelques miles plus loin, tu croiseras Miles Davis
J'suis resté scotché, vacillant, comme ivre
Merde, je dialoguais avec un cuivre !
Il m'a parlé des frères de la jungle,
Dans laquelle vivait une tribu
Appelé Guetz, si j'avais su
Plus loin je compris rage et émotion
En decouvrant d'étranges fruits et des champs d'coton
Je parlais musique, et on m'parlait couleur
Un tableau surréaliste souvent teinté d'douleur
J'ai vu mon reflet déformé dans les lunettes noires de Stevie
Et mon sommeil bercé par Billie

Après pas mal de bornes et mes bandes froissées
C'est dans un sillon noir que mon chemin s'est tracé
J'ai tourné, tourné, 33 fois
J'ai tourné, tourné, tourné, tourné
J'ai cherché d'où vient cet âme et cet esprit
Déraciné cet arbre dont nous sommes les fruits
Tendu l'oreille aux racines, j'ai pris une claque rect-di
Ma joue est encore marquée par les claps de Jay Dee
J'ai usé ma paire de cellules, foulant cette terre de vynile
Sur sillon, j'ai du faire 200 000
Bornes, perché sur le dos d'une sinusoïde
Traversant parfois des zones arides,
J'ai croisé des étoiles étrangement assassinées
Survolé ces histoires qu'on reverait avoir signées
J'ai parcouru la toile, sans jamais en voir les bords
Mon casque sur les oreilles, et je marche encore

De retour sur l'hexagone, d'autres avaient fait le même voyage
Ajoutaient ici de nouvelles teintes au paysage
Souvenirs de soul et de jazz en diaporama
Du groove et des phases dans l'panorama, seulement
Sur ce bout d'terre, étrange mentalité
Car on jugeait souvent les chiffres avant la qualité
J'parlais musique, et on m'parlait profit
J'avais pas l'bon lexique et sûrement pas l'profil
Alors j'ai repris ce voyage un matin, et j'ai fui
Ce paysage quotidien, je n'voyais
Que des blocs longs de trois minutes
Taillés dans le même roc et dans le même but
J'avais découvert des horizons différents
Mélodies inatendues, instruments
Cités sans cloisons, architectes rythmiques
Une civilisation sonore née sur les terres d'Afrique
J'voudrais qu'tu vois ce monde !

Hocus Pocus - Voyage immobile

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